Il suffirait d’un simple souffle de vent pour l’emporter. C’est en tout cas l’air que donne l’extrême fragile abri d’une veuve réfugiée au camp de Nduta en Tanzanie. Ce cas reflète une situation des réfugiés burundais vivant dans ce pays qui devient de jour en jour intenable. Des décisions toujours plus difficiles les unes que les autres sont prises au quotidien. Le gouvernement tanzanien faisant fi des différentes voix qui s’élèvent à travers le monde pour dénoncer cette situation.
L’enfer prend sa forme la plus cruelle pour les réfugiés burundais vivant en Tanzanie. Ce sentiment est de plus en plus grandissant chez ces derniers. Depuis quelques années, ils disent être littéralement laissés à eux-mêmes, sans le droit d’avoir quelque possession que ce soit.
Pire, l’on semble s’acheminer vers le refus de disposer d’un toit. Récemment, ces réfugiés se sont vus refuser même le droit de restaurer leurs habitations quand elles sont endommagées, et encore moins de construire en dur. Conséquence, certains se retrouvent dans des conditions humainement indescriptibles.
C’est le cas d’une veuve du camp de Nduta en Tanzanie. Avec son fils de 12 ans, elle vit dans un abri d’à peine 2 mètres carrés, fait de morceaux de ce qui furent des bâches. De loin, l’abri en question donne plus l’idée d’une termitière que d’une habitation, isolée et totalement abandonnée dans ce qui ressemble à un bois sauvage à peine défriché.
Des conditions que les réfugiés décrivent comme celles d’une époque très lointaine de la civilisation.
« Comment parler des droits des réfugiés alors que quelqu’un vit dans une hutte au 21e siècle, alors qu’il est sous la responsabilité du HCR ? » s’interroge, incrédule, un réfugié du camp de Nduta, avant de poursuivre : « Je comprends, ils veulent nous contraindre à rentrer au pays, à nous faire inscrire pour un retour prétendument volontaire. Mais nous n’avons pas où aller ! A voir la manière dont nous sommes traités, nous ne pouvons pas rester ici. Mais où aller ? Il faut que le HCR plaide auprès des autorités tanzaniennes, afin qu’on construise des maisons plus ou moins durables pour les réfugiés qui n’ont pas de maisons en briques, et accepter que ceux qui en ont puissent les restaurer quand elles s’usent. Nous sommes quand même des réfugiés, nous sommes des humains et nous avons le plein droit de vivre une vie relativement digne », plaide-t-il.
Malheureusement, la vie infernale de cette veuve et son jeune fils est loin de s’arrêter. Car personne n’a le droit d’intervenir pour les sortir de cette situation. Et le gouvernement tanzanien vient d’accorder juste un an à tous les réfugiés burundais pour retourner dans leur pays natal.
En fin de semaine dernière, le Haut commissariat pour les réfugiés a dénoncé la persécution que les autorités tanzaniennes font subir à ces réfugiés. Mais celles-ci entendront-elles enfin raison ? Car jusque-là, elles n’en font qu’à leur tête.
La rédaction de la radio Inzamba a contacté par téléphone le président du camp des réfugiés de Nduta, ainsi que son adjoint, pour plus de précisions sur la situation de cette veuve, mais personne n’a décroché.