Réfugiés

Kenya : « On ne plie pas l’échine » : devise de jeunes réfugiés qui se rassemblent pour survivre

Publié le 28 décembre 2021 par Rédaction

Rester solidaire et s’entraider. C’est le noble objectif que s’est fixée une vingtaine de jeunes burundais réfugiés à Nairobi au Kenya. Ils se sont regroupés dans une association dénommée « Twese tuzotaha tukiri bazima », c’est-à-dire « Nous rentrerons tous encore vivants ». Ils veulent pouvoir faire face à la cherté de la vie au Kenya et éviter de vivre comme des quémandeurs.

« Les crimes qui visaient les jeunes n’ont pas cessé. Nous ne pouvons donc pas rentrer », justifie d’entrée de jeu David, la trentaine.

Contraint de rester en exil depuis 2015, David, à l’instar d’une vingtaine d’autres jeunes, a compris qu’il fallait trouver un moyen de rester en vie, et surtout digne, face aux multiples défis auxquels ils sont confrontés. Parmi ces défis, la cherté de la vie.

« En général, la vie est chère ici à Nairobi, se nourrir, se loger, sont une vraie gageure. Louer une maison n’est pas chose facile. C’est très cher, une maison est louée 5, 6 voire 7 mille shillings alors qu’il nous arrive de manquer même 100 shillings », explique David. 

Pour surmonter ces difficultés, ces jeunes ont créé une association qui leur permet de s’entraider. Elle est composée de 25 membres. Ils ont démarré de petits commerces, grâce à un don d’argent de compatriotes burundais vivant dans la capitale kenyane.

« Nous avons partagé en parts égales, sauf les filles qui ont des besoins spécifiques. Chaque semaine, chaque membre doit mettre de côté au moins 1000 shillings.  Cinq ou six personnes se mettent ensemble pour louer une maison afin de réduire les dépenses.  Ce sont ces fonds qui nous permettent de payer les loyers. Chaque mois, nous mettons en commun l’argent épargné et on paie les loyers et on satisfait d’autres besoins élémentaires », selon Bamporiki, représentant de cette association.

L’association compte 7 filles parmi lesquelles Chadia, qui dit avoir retrouvé le sourire qui lui avait été arraché par l’exil et la pauvreté. « L’aide nous a été d’une grande importance parce que nous n’avions pas de logement. Ils nous ont donné un capital, nous vendons de petits articles. Ce qui nous permet de nous nourrir et de nous loger », s’enthousiasme Chadia.

Emmanuel, un autre jeune, dit également avoir retrouvé la joie de vivre grâce à la charité de ses compatriotes. Il leur doit une fière chandelle. « Avant de les rencontrer, je menais une vie de misère. Malgré le peu de moyens dont ils disposent, la manière dont ils viennent en aide à leurs compatriotes qui sollicitent leur soutien me plaît beaucoup », témoigne Emmanuel, Manu pour les intimes.

Bien que les membres de cette association aient l’esprit d’entraide, les moyens restent toujours insuffisants au vu de la complexité des besoins, d’après leur représentant. Mais la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, fait-il remarquer.

« Nous ne sommes pas capables de venir au secours de tous ceux qui nous sollicitent. Nous demandons le soutien de la part de tous les Burundais qui nous écoutent. Nous en profitons pour prodiguer un conseil à tous les Burundais en exil, de faire preuve de solidarité envers leurs compatriotes », lance Bamporiki.

Ils appellent également les autres jeunes en exil à éviter la paresse et à travailler dur au lieu de s’apitoyer sur leur sort.

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