Réfugiés

Kenya : Des agents du HCR coupables de détournement de fonds menacent de mort une famille de réfugiés qui les dénonce

Publié le 16 septembre 2021 par Rédaction

Une famille de Burundais réfugiée au Kenya au camp de Kakuma alerte sur sa sécurité. Ils disent être harcelés par des agents du HCR œuvrant au sein du camp. Ceux-ci auraient détourné des fonds qui étaient destinés aux soins d’un bébé de cette famille qui est né avec des problèmes de vue. Elle demande le renforcement de sa sécurité. De son côté, la CBDH-VICAR crie à la violation du droit des réfugiés à la santé, et interpelle le HCR et le gouvernement kenyan sur cette affaire.

Ces réfugiés dénoncent le harcèlement et les intimidations dont elle fait l’objet. Le père de famille est plus connu sous le surnom de Mwarabu, son épouse s’appelle Imelde Nshimirimana. Leur enfant, qui n’est qu’un bébé de six mois, est né avec un problème de vision.

« Les problèmes qui surgissent aujourd’hui peuvent nous conduire à la mort. J’ai eu un enfant qui est né avec une déformation congénitale des yeux. Nous l’avons conduit à l’hôpital Clinic Seven du camp. Les infirmiers, après consultation, nous ont indiqué que c’est un cas très délicat qui nécessite une opération chirurgicale à Nairobi à l’hôpital Kenyatta. Nous nous sommes alors préparés, et à la veille du départ vers Nairobi, ils nous ont téléphoné annonçant que le vol a été annulé, que le voyage serait très coûteux, et qu’un seul malade ne peut pas partir de Kakuma à Nairobi », explique le papa.

Le camp de réfugiés de Kakuma ©UNHCR/S.Otieno

La Clinic Seven du camp de Kakuma a ensuite pris la décision de faire venir un médecin chirurgien ophtalmologue au camp pour pouvoir l’opérer au camp. Mais l’opération a échoué, selon les témoignages de cette famille. L’enfant a par la suite été référé à l’hôpital d’Eldoret. Arrivé là-bas, les infirmiers ont été choqués, disant qu’une opération chirurgicale de l’œil n’aurait pas dû se faire dans une clinique ordinaire du camp, sans l’équipement adéquat. Les infirmiers qui l’avaient accompagné à Eldoret auraient eux-mêmes eu honte d’avoir agi ainsi. Le père de l’enfant a alors appelé les agents du HCR, et c’est à partir de cet appel qu’il a commencé à recevoir des menaces de mort.

« Des personnes sont tuées ou disparaissent dans de pareilles circonstances. Le budget que la commission médicale de l’enfant a fait décaisser aurait été détourné par les agents du HCR. La preuve est qu’il y a même eu des disputes entre des infirmiers de Kakuma et ceux d’Eldoret. Ma femme m’a appelé pour me dire qu’elle est également sous menaces de mort.  Ceux qui la menacent l’accusent d’avoir rapporté le cas au HCR, et lui ont dit qu’ils pourront la tuer sans suite, qu’ils pourront l’égorger comme une chèvre à l’abattoir », témoigne toujours le père.

Cette famille alerte qu’elle s’est ensuite retrouvée menacée par la police kenyane, parce qu’elle a refusé de retourner à Eldoret. Elle demande le renforcement de sa sécurité.

La rédaction de la radio Inzamba a essayé de joindre les agents du HCR au sein du camp, mais en vain. L’association pour la protection des enfants réfugiés du camp de Kakuma confirme les faits et indique qu’elle est à pied d’œuvre pour calmer la situation.

« C’est une violation du droit des réfugiés à la santé », dénonce la CBDH-VICAR

Le Haut Commissariat pour les réfugiés et les autorités kenyanes sont interpellés pour se saisir de ce cas. La Coalition burundaise pour la défense des droits de l’homme et des réfugiés dans la sous-région (CBDH-VICAR) dénonce une violation du droit des réfugiés en matière de la santé.

« Nous avons remarqué que certains agents du HCR et du gouvernement boycottent souvent les rendez-vous donnés par les médecins. Ce qui est arrivé à la famille Mwarabu doit être déploré. La CBDH-VICAR dénonce énergiquement le comportement de ces agents du HCR et des gouvernements au niveau des camps, parce que la vie doit être sauvée dans les meilleurs délais. Nous demandons au HCR-Kenya de tout faire pour que la vie de cet enfant soit sauvée et faire de même pour les réfugiés qui sont dans les différents camps. Nous demandons également au HCR au niveau régional de suivre de près ce qui se passe dans le domaine de la santé, parce qu’il y a beaucoup d’irrégularités », déplore Léopold Sharangabo, vice-président de la CBDH-VICAR.

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