Les attaques d’hommes armés dans le camp de réfugiés burundais de Nduta en Tanzanie ne se comptent plus. Tout autant que les victimes. Elles se soldent souvent par des morts, des blessés ou d’enlèvements. Les réfugiés craignent avoir été infiltrés par des agents envoyés par le pouvoir burundais. Plus que jamais, ils demandent au HCR et au gouvernement tanzanien d’assurer leur sécurité.
Rien que depuis le début de cette année 2021, le bilan est d’un mort, un blessé et trois cas d’enlèvements. Le prénommé Issa a été tué à son domicile. C’était dans la nuit du 12 au 13 janvier. Il habitait la Zone 7.
Dans la nuit du 2 au 3 février, une femme a été blessée par des hommes armés qui ont attaqué le domicile d’un certain Sambara Saidi, habitant la Zone 1. Saidi était parvenu à s’enfuir.
Les assaillants se sont alors rués sur son épouse qu’ils ont violemment battue, emportant des biens dont deux téléphones portables et une somme d’argent dont le montant n’a pas été précisé. Dans la journée de mardi 02 février, Elias Ninganza, habitant la Zone 9 village 14 a été enlevé par la police tanzanienne alors qu’il était au marché, à l’intérieur du camp.
Auparavant, une certaine Nadia Igiraneza a été victime d’un rapt le 11 janvier, après qu’une semaine avant, le 6 janvier, Tuyishemeze Denise avait été kidnappée. Celle-ci habitait la Zone 1, village 22.
Ces lugubres statistiques ne concernent que cette courte période écoulée de 2021, la radio Inzamba ayant rapporté, au cours des années précédentes, des dizaines d’incidents similaires. Et, malheureusement, malgré les multiples appels d’organisations tant nationales qu’internationales de défense des droits de l’homme, ces réfugiés semblent loin de trouver un répit.
Ces attaques armées et ces enlèvements suscitent tout naturellement un climat de panique au sein des réfugiés. Surtout qu’ils soupçonnent que des incursions dans le camp sont perpétrées par des éléments du Service national des renseignements burundais, en complicité avec les forces de l’ordre tanzaniennes. Le but étant de contraindre les réfugiés à adhérer au processus de rapatriement forcé. Leur cri de détresse est plus pressant que jamais auprès du HCR et du gouvernement tanzanien, qui semple peu enclin à les écouter, de prendre ensemble les mesures nécessaires pour assurer leur protection.
« La Tanzanie répondra devant l’histoire des atrocités qu’elle inflige aux réfugiés burundais »
La Coalition des défenseurs des droits de la personne humaine vivant dans les camps de réfugiés met les autorités tanzaniennes devant leurs responsabilités. Léopold Sharangabo, vice-président de cette coalition, ne mâche pas ses mots : « La CBDH-VICAR dénonce énergiquement ce comportement du gouvernement tanzanien face à l’insécurité dans les camps des réfugiés. Nous voudrions signaler aux autorités tanzaniennes qu’elles répondront un jour ou l’autre devant la justice. Aujourd’hui, c’est un secret de polichinelle, toutes ces tueries, ces disparitions forcées et les multiples et incessantes autres violations sont commises par la police tanzanienne qui collabore avec des gens envoyés par le pouvoir de Gitega, dont des agents du Service national des renseignements. Nous voudrions affirmer, ici, que les preuves de l’implication des policiers tanzaniens ont déjà été collectées. C’est pour cette raison que nous demandons au gouvernement tanzanien de cesser de sacrifier les réfugiés burundais, juste pour des intérêts de son partenariat avec le gouvernement burundais. » a-t-il prévenu.
« Nous exhortons le HCR de prendre ses responsabilités en plaidant pour les réfugiés afin que leur sécurité soit effective. Le même appel est lancé à la communauté internationale pour qu’elle se réveille enfin, pour la cause des réfugiés burundais en Tanzanie qui vivent un calvaire sans nom causé par le gouvernement tanzanien », a-t-il plaidé.