La clôture de la mosquée érigée au camp des réfugiés à Nyarugusu en Tanzanie a été détruite ce mercredi. Les boutiques et le mobilier ont été incendiés, tandis que des boissons diverses ont été déversées et beaucoup d’autres marchandises ont été volées. Les auteurs sont des policiers tanzaniens, des jeunes Basungusungu ainsi que des agents de la représentation du camp. Pour les réfugiés, cela rentre dans la logique des autorités tanzaniennes de malmener les réfugiés burundais pour les contraindre à rentrer. Ces réfugiés, de même que les défenseurs des droits des réfugiés, demandent aux autorités tanzaniennes de se ressaisir et de les protéger.
Les réfugiés du camp Nayurugusu disent qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer parce que le harcèlement qu’ils subissent devient de plus en plus multiforme.
Ils pointent du doigt des policiers, des Basungusungu, jeunes membres de groupes dits de défense, et des agents du renseignement tanzanien. Ils ont brûlé et volé beaucoup de marchandises mercredi dernier, dans le but de leur rendre la vie difficile.
« Ils étaient au nombre de trois. Un était à moto, d’autres portaient des gourdins. Ils étaient accompagnés de beaucoup de jeunes Basungusungu. Ils ont commencé par démolir la clôture de la mosquée. Après ils se sont dirigés vers le marché de la zone 11 où ils ont démoli le cabaret d’un certain Côme. Ils ont ensuite incendié beaucoup d’objets dont des chaussures, une trentaine de chaises ainsi que d’autres marchandises appartenant à divers commerçants. La bière et les boissons sucrées ont été déversées, mais beaucoup d’autres marchandises ont été volées », se lamente une des victimes de cette opération.
Ces réfugiés disent être victimes d’un harcèlement continu, et que leur avenir est incertain quand il leur est interdit d’exercer toute activité génératrice de revenus.
« Ça nous fait vraiment de la peine de voir comment la police, les Basungusungu et les agents de renseignement continuent de nous courir après, alors que nous ne faisons que des activités pour notre épanouissement. Il s’agit tout simplement d’un vol organisé, parce que les produits emportés, personne ne sait où ils sont, et on ne peut pas oser les réclamer. C’est de la persécution pure et simple », se plaint, désemparé, un autre réfugié propriétaire d’une boutique qu’il a vue partir en fumée et ses marchandises volées.
Les réfugiés burundais en exil en Tanzanie demandent aux Nations unies d’intervenir auprès du gouvernement tanzanien pour lui demander d’arrêter les violences faites à leur endroit.
La rédaction de la radio Inzamba a tenté de joindre par téléphone les responsables du camp de Nyarugusu, mais sans succès.
Une situation qui interpelle les défenseurs des droits des réfugiés
Les autorités tanzaniennes doivent arrêter de violer délibérément les droits des réfugiés burundais. La coalition burundaise pour la défense des droits des réfugiés vivant dans les camps s’insurge contre les actes répétitifs de l’administration et de la police visant à empêcher ces réfugiés d’exercer la moindre activité génératrice de revenus. Léopold Sharangabo, vice-président de la CBDH-VICAR, appelle le gouvernement tanzanien à se ressaisir.
« Les relations entre les autorités tanzaniennes et celles du Burundi ne devraient pas être une raison pour le rapatriement forcé des réfugiés burundais. Vous avez même entendu que les Basungusungu ont commencé à brûler les petits marchés qui se trouvent dans la zone 11 du camp de Nyarugusu. La Tanzanie agit de la sorte alors qu’elle a signé les différentes conventions en rapport avec les réfugiés, dont la Convention de Genève de 1951. La CBDH-VICAR demande d’abord au gouvernement tanzanien de ne pas continuer à passer outre ces conventions et de veiller à assurer la protection de ces réfugiés. Nous demandons aussi au HCR de continuer à jouer son rôle d’ambassadeur des réfugiés auprès du gouvernement tanzanien, afin que ce dernier se ressaisisse sur les décisions qu’il prend et qui handicapent la vie des réfugiés. Nous exhortons également la communauté internationale de suivre de près la situation dans laquelle les réfugiés burundais vivent dans les camps de réfugiés en Tanzanie, et de dénoncer ces actes de violation des droits de ces réfugiés », plaide Léopold Sharangabo, vice-président de la CBDH-VICAR.
Photo Illustration :©Vision Launch