Changement de stratégie en Tanzanie pour pousser les réfugiés burundais à rentrer. Une sensibilisation au rapatriement volontaire appuyée par une motivation d’un paquet-retour alléchant se déroule au camp de Nyarugusu. Mais c’est un coup d’épée dans l’eau, selon certains réfugiés. Ils n’entendent pas renter tant que l’insécurité persiste au Burundi.
Ce qui est surprenant, selon ces réfugiés, c’est l’implication des organisations non-gouvernementales dans le processus de sensibilisation des réfugiés burundais au rapatriement. L’exemple qu’ils donnent est l’IRC, le Comité international de secours, qui fait le porte à porte et organise des rassemblements dans des places publiques pour persuader les réfugiés de rentrer de leur gré.
« Ils passent dans chaque ménage et les endroits publics, comme dans les marchés, chez les commerçants. Ils s’installent sous l’ombre des parasols où ils distribuent des papiers qui montrent la part réservée à chacun, s’il accepte de rentrer. Ils expliquent que le HCR collabore avec la branche de cette organisation non-gouvernementale dans le programme de rapatriement des réfugiés burundais », rapporte un réfugié du camp de Nyarugusu.
Pour les réfugiés, les promesses qui leur sont faites ne sont qu’une autre stratégie adoptée par la Tanzanie, de connivence avec les ONG, dans la logique d’acheter leur conscience et les pousser à regagner leur pays. Mais les réfugiés persistent et signent : pas question de rentrer.
« Nous pensons que c’est une autre forme de conscientiser les réfugiés burundais à leur rapatriement, surtout que les ONGs qui œuvrent dans le camp travaillent pour le compte de la Tanzanie, sans se soucier du bien-être des réfugiés. Ces organisations ne font autre chose que sensibiliser les réfugiés burundais en leur disant qu’il n’y a d’autre voie que celle de se rapatrier. Mais c’est insensé, comment rentrer alors que ce qui nous a poussés à fuir, dont l’insécurité, persiste encore dans le pays ? » s’insurge cet autre réfugié.
La rédaction de la Radio Inzamba Agateka Kawe a cherché par téléphone le représentant du Comité international de secours au camp de réfugiés de Nyarugusu pour avoir sa version, mais sans succès.
Photo Illustration : ©ERWAN ROGARD/MSF